Et voilà, on se dit qu’on est dans une alter-ferme en pleine ville, que pour une fois allez, je reste à dormir chez les copains chez qui je passe la soirée et donc que je ne rentrerai pas pour refermer la porte du poulailler, mais que pour une fois, ce n’est pas très grave…
Erreurs… Grossières erreurs.
Il faut croire que la nature est encore un peu là, au milieu de cette urbanisation étouffante et bruyante, suffisamment en tout cas pour accueillir un renard. En soi, ce n’est pas une mauvaise nouvelle, je ne vais pas me plaindre que la nature s’exprime et qu’elle soit encore assez forte pour permettre à un prédateur sauvage de se cacher. Si d’un côté on se bat pour préserver la nature, on ne peut pas critiquer la présence de ses membres, même si pour le coup, cette présence est désagréable.
Avec Monsieur Goupil, il n’y a pas de place pour le « pour une fois »… Il y a juste l’occasion qui fait le larron, et c’est un sacré larron qui ne fait pas vraiment dans la dentelle. Alors il suffit d’une soirée d’absence, d’une porte ouverte et c’est la basse-cour quasi entière qui y laisse ses plumes…
Ce matin donc en rentrant de ma nuit chez les copains, je suis étonné de ne pas voir toutes les volailles débouler à mon arrivée (je vous rassure, ce n’est pas moi qui fait débouler les gallinacés, juste le fait qu’en général quand j’arrive, il y a des chances que je leur apporte quelques friandises) : seuls le coq et une poule s’avancent à la grille. En m’approchant, je commence à apercevoir des amas blancs, je devine à moitié que ce sont des plumes (il a plu dans la nuit alors je ne suis pas complètement sûr). Je commence à me poser des questions et la vérification doit être immédiate, je file directement vers la cour aux poules, j’entre, ce sont bien des plumes au sol et en plusieurs endroits, pas d’autres poules à l’horizon… Je m’approche du poulailler et y rentre, là, je vois 4 poules mortes… C’est bien une attaque qui a eu lieu et pas une petite. Il y a un paquet de poules qui ont disparu. Sur les 20 initiales, 2 sont encore vivantes, 4 sont mortes devant moi. 14 ont donc disparu.
Qui est l’auteur du forfait ? Un homme ? Non, il aurait pris les poules sans les tuer et d’abord les grosses. Un chien errant ? Les victimes ont été tuées proprement, pas de sang, juste le cou cassé ou la tête coupée net. Belette ? A priori trop petite pour emporter les corps des victimes. La fouine aurait laissé des marques de morsures…
Il ne reste le renard et ce que je découvre en regardant plus attentivement est une preuve flagrante de l’identité du coupable : j’aperçois un petit tas de paille dans un coin du poulailler. J’avais entendu dire que le renard tuait beaucoup de poules lors d’une attaque puis qu’il allait cacher ses victimes à différents endroits. Je vérifie donc, et en effet, sous la paille, dans le coin du poulailler, il y a bien une poule. Je fais donc une recherche plus approfondie alentour et en effet, je vois dans le poulailler un autre tas de paille, dehors, à demi-enterrées gisent 2 autres poules, dans un autre coin de la cour, sous les clapiers, ce sont encore 2 poules qui sont cachées…
Donc mon tueur-voleur a quand même commis 18 meurtres, laissé à la vue 4 cadavres, fait disparaître 7 corps (puisque les restes d’un corps témoignent d’un repas pris sur place), tenté de dissimuler 6 homicides sur place avec donc la ferme intention de revenir… 18/20… Mention très bien… pour un seul forfait…
Moi, il ne me reste plus qu’à nettoyer, enterrer les victimes, enfermer à double tour les survivantes dans le poulailler et ne les laisser sortir que lorsque je leur aurai fabriqué un enclos clos… sérieusement. Et puis à aller de nouveau acheter des œufs… On s’habitue bien à aller les chercher tous les jours dans les nichoirs 🙁
Voyons les choses positivement : la nature n’est pas complètement décimée à Saran, je lui ai même fourni plusieurs repas à l’œil, il me reste une poule et un coq, c’est la base minimum pour reconstruire une basse-cour, si je ne garde pas les œufs pour les couver, j’en aurai encore 2-3 par semaine, il vaut mieux que ça arrive alors que ce n’est que ma basse-cour personnelle et pas avec une production à tenir pour des clients, et surtout, j’ai pris une grande leçon que je n’oublierai pas… C’est en faisant des erreurs qu’on apprend.
Pour les âmes pas trop sensibles, voici quelques photos des conséquences de mon inconséquence…