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Le champ des possibles

Le champ des possibles… J’aime cette expression.

Comment transformer un pré, une ferme, en champ de possibles ?

A priori, l’espace entre un pré et un champ n’est pas si grand. Pour certains, une charrue suffirait. Mais comme je vais tenter une approche permaculturelle, j’éviterai tant que faire se peut la charrue, autrement dit, je ne la mettrai pas avant les bœufs (la charrue, pas l’approche. C’est à dire en gros ne pas aller trop vite !), sinon je risquerais que le champ se transforme en un simple espace vert (ce qui serait tout de même mieux qu’un bétonnage supplémentaire) ou en un triste terrain vague…

Du pré au champ…

Là, on parle de cultures, et même d’agriculture.

Une ferme ne s’entend que si elle est productrice de nourriture. Il s’agit donc d’abord de transformer une prairie de pâture en un champ nourricier.

Comment faire ? Quelle nourriture ?

La permaculture est une approche qui me touche particulièrement (j’en ferai un article un jour, promis, en attendant, l’article de Wikipédia). Que dit-elle ou plutôt quelles sont ses valeurs fondamentales ? Elles sont au nombre de trois :

  • Respecter la terre, la Terre,
  • Respecter les hommes,
  • Produire l’abondance pour la redistribuer.

Produire une nourriture abondante tout en respectant la terre et en se respectant soi… Vaste programme, utopie pour certains, mais réalité déjà pour d’autres fermes alternatives ou d’autres lieux expérimentaux (je ne les détaillerai pas ici tout de suite, en attendant, juste pour vous mettre l’eau à la bouche).

Rapidement pour l’instant, les détails feront eux aussi l’objet d’articles à venir, je dresse une petite liste des choix définis non négociables, ainsi que des principes que je tâcherai de suivre du mieux que je peux :

  • du bio, évidemment… (pas de produits chimiques),
  • pas de semences OGM,
  • des semences paysannes en priorité, le moins d’hybrides (F1) possible,
  • très peu de mécanisation (dans un premier temps et plus du tout ensuite),
  • très peu de travail du sol (de moins en moins également),
  • un maximum de diversité (la diversité, c’est la vie),
  • des arbres, beaucoup d’arbres,

Beaucoup d’expérimentations existent déjà en permaculture, en agriculture naturelle, en agroécologie, je m’en inspirerai, mais il n’y a pas de recettes miracles puisque les conditions sont partout différentes. Les expériences des autres sont donc juste des possibles, des pistes, des intuitions. L’expérimentation continuera donc ici aussi avec l’envie de partager les résultats pour avancer.

La nourriture est un possible hautement atteignable (il vaut mieux, ce sera mon gagne-pain !), mais c’est également la base ou le support de nombreux autres possibles.

Le champ des possibles

Cette jolie expression s’adapte à un espace agricole, surtout si celui-ci se trouve au sein d’une Al-Terre-Ferme ! Mais lorsque l’on emploie cette expression, on sous-entend souvent que le champ est vaste, donc que les possibilités offertes sont nombreuses voire innombrables.

Dans mon cas, le champ n’est pas immense, mais la configuration du lieu, sa position urbaine, les envies, les idées… multiplient les possibles.

Mon installation agricole constitue le socle d’une aventure globale qui veut aller au-delà de la « simple » production alimentaire, si tant est que la production alimentaire puisse être simple…

Voici une liste des possibles, évidemment non exhaustive, évidemment destinée à évoluer.

Les possibles liés à l’agriculture et à l’alimentaire

Il y a d’abord tout ce que l’on peut faire avec la nourriture et autour de la nourriture, de la production à la dégustation, en passant par la transformation, avec à chaque étape, un peu de formation, d’éducation, de pédagogie, de transmission…

Concrètement, qu’est-ce que cela donne ? Une ferme pédagogique, un jardin thérapeutique, des ateliers de jardinage, des cours, des formations, plus ou moins professionnels… De la transformation pour des conserves ou de la cuisine… Alors accueil de stages ? Restaurant bio-végétarien ? Tout est envisageable !

En tant qu’écologiste on se pose souvent la question « quelle planète va-t-on laisser à nos enfants ?« , mais il est important de se poser la question inverse : « quels enfants va-t-on laisser à la planète ?« . D’où la partie transmission-pédagogie-éducation que je souhaite pouvoir mettre en place sur la ferme.

Chaque geste, chaque connaissance doit être appris, pratiqué avant d’être intégré et pouvoir être reproduit ailleurs. Une ferme est le lieu idéal pour apprendre les gestes agricoles, mais l’espace disponible permet d’envisager la transmission d’autres pratiques.

Des possibles artisanaux

Proches de l’agriculture, les métiers de l’artisanat sont également à remettre à l’honneur : vannerie, tissage, filage, poterie, teinture…

Les mares témoignent de l’extraction de glaise, les fours tout proches découverts lors de fouilles attestent de la possibilité d’utiliser l’argile pour la poterie.

Autour des mares poussent des saules, pourquoi pas un atelier vannerie ?

Les moutons fournissent de la laine, il n’y a qu’un pas pour lancer une initiation au filage, au tissage, au tricot !

Au milieu du potager peuvent apparaître des plantes tinctoriales, alors pourquoi pas de la teinture ?

Et les plantes médicinales ? Elles aussi on peut les transformer.

Des possibles en construction et en énergie

Dans les pratiques autres que purement agricoles, mais qui sont liées, je pense notamment à l’éco-construction, les futures constructions et la restauration des bâtiments existant constituant des supports de choix pour la pratique.

Qui dit construction écologique dit systématiquement travail du bois, alors, un petit atelier bois partagé ?

Et puis évidemment les énergies sont un pôle incontournable : qu’on les envisage en terme de consommation, d’économie, d’autonomie, de production, une ferme alternative se doit d’y œuvrer par tous les moyens possibles (biomasse, solaire, éolien) pour se détacher des énergies dominantes actuelles que sont le pétrole et l’électricité nucléaire.

D’un côté il faut un bâtiment de stockage pour la production de la ferme, de l’autre il me faut un habitat. Entre cet habitat qui serait plutôt un co-habitat (mutualisation oblige), peut-être même une oasis en tous lieux, et le côté pédagogique et éducatif nécessitant des infrastructures permettant l’accueil de groupe. Le bâtiment à construire promet d’être intéressant.

En allant un peu plus loin encore, pourquoi l’Al-Terre-Ferme n’accueillerait-elle pas sur place une école en permanence ? Évidemment pas une école de 200 élèves, mais une petite école alternative, ça pourrait être sympa, non ?

Et pour nourrir tout ce petit monde de travailleurs, de stagiaires, de wwoofeurs, de visiteurs, d’enfants, j’ai évoqué plus haut un petit restaurant bio-végétarien se fournissant à la source même de la production des légumes !

Bref…

Vous pensez que je rêve ? Peut-être. Reste que toutes ces idées sont des fleurs de possibles qu’il faut juste prendre la peine d’aller cueillir.

A terme, c’est à dire après le développement de l’activité principale, je souhaiterais que la ferme soit un lieu d’accueil pour toutes les personnes désirant apprendre, ré-apprendre ces connaissances et ces gestes que l’on a parfois oubliés, que l’on est en train de redécouvrir, ces nouvelles pratiques que l’on découvre et qui vont dans le sens du respect du vivant. Ces apprentissages pourraient se faire sous forme de stages, de formations, de journées d’échanges…

Tout m’intéresse, mais je n’aurai pas assez d’une vie pour tout mettre en œuvre, alors pour que les possibles puissent exister sans que j’en sois forcément l’initiateur, je souhaiterais que l’Al-Terre-Ferme serve de support à la création d’une ou plusieurs associations type Ecocentre (voir par exemple l’excellent travail effectué par l’Ecocentre de la Forêt d’Orléans et un peu plus loin celui de la Maison autonome) ou de type échange de savoirs.

Au delà des savoirs pratiques, il y a la connaissance, la perception du fonctionnement de notre monde (d’un point de vue politique) afin d’accompagner son évolution, mais de ne pas tomber dans ses pièges. Les savoirs pratiques et la connaissance permettent de prendre de la hauteur de devenir plus autonome et nous préparent à la nécessaire transformation que nous devrons opérer pour poursuivre sereinement l’aventure humaine, qui sera probablement chamboulée par notamment les deux bouleversements qui se font sentir de plus en plus, que sont les changements climatiques et la hausses des coûts des énergies due à l’épuisement des matières fossiles. Ces faits imposent un virage qu’il faut opérer dès maintenant pour limiter leur impact au maximum et commencer à préparer notre adaptation. Là, le mouvement des Villes en Transition a démarré et essaime un peu partout dans le monde. Si nous pouvions lancer une initiative de transition à Saran…

Enfin, il reste ce que certains appellent la spiritualité, d’autres le développement personnel ou intérieur. La création d’un lieu sain, beau, vivant devrait permettre l’accueil là aussi de formations, de stages permettant à chacun de se retrouver, de se ressourcer dans la convivialité, la sérénité et j’espère la paix.

Parmi toutes ces idées, ces envies, une ou plusieurs vous séduise(nt) et vous invite(nt) à vous investir dans quelque chose ? Vous souhaitez participer ?

Contactez moi, voyons comment nous pourrions repousser ce champ des possibles, ou plutôt comment nous pourrions simplement le faire pousser.