J’ai déjà évoqué un certain nombre d’arguments au sein des courriers adressés à la Mairie (voir la page chronologie), des conseils municipaux ou des réunions publiques. Mais je ne suis pas un grand orateur, j’en ai oublié beaucoup sans doute lors de mes interventions, alors je les rassemble ici pour plus de lisibilité, et j’y rajoute ceux qui arrivent au fur et à mesure.
Vous comprenez qu’il n’y a pas ici exhaustivité, donc si vous avez de bons arguments à rajouter, je suis preneur. Vous connaissez des spécialistes, des experts, des personnes compétentes, demandez leur leur avis. Je raisonne avec mon bon sens et ma vision écologiste du monde, n’étant pas du tout un spécialiste de l’urbanisme, certains de mes arguments sont peut-être un peu « court », dites-le moi. De même peut-être pensez-vous que je raisonne de travers, dites-le moi également, je ne me vexe pas facilement et suis ouvert à la discussion. Merci.
Dans une première version de cette page, j’avais orienté essentiellement l’argumentation sur la vision générale (la place de la voiture dans la ville, le côté écologiste, l’intérêt urbaniste…), pour faire comprendre que ce n’était pas seulement mon bout de terrain que je défendais, mais également un futur apaisé pour tous (avec une voiture qui reste dans une place restreinte et qui arrête d’occuper de plus en plus d’espace). J’ai appris depuis, que lors d’une enquête publique, les intérêts privés des riverains ou potentiels utilisateurs du projet sont largement aussi importants (voire plus) que l’intérêt général (censé être lui apporté dans le dossier de l’enquête fourni par le maître d’ouvrage), dans les remarques prises en compte par le commissaire enquêteur.
Cette page a donc peut-être évolué depuis la première fois où vous y êtes passé…
I. Intérêt général
1) Une nouvelle voie automobile
Gouverner c’est prévoir… Prévoir c’est réfléchir à long terme et ne pas seulement gérer les problématiques présentes.
Prévoir aujourd’hui, c’est tenir compte de 2 facteurs déterminants qui dicteront les contours de nos modes de vie dans peu de temps (on ne compte plus en dizaines d’années) : la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre pour limiter l’ampleur des changements climatiques et l’augmentation des coûts de l’énergie consécutifs au dépassement du pic pétrolier. Ces deux facteurs condamnent le véhicule motorisé individuel tel qu’on le conçoit aujourd’hui : 1 tonne de matière pour déplacer 1 personne de 70kg… Concevoir des routes aujourd’hui pour ces véhicules, ce n’est que de la gestion à court terme. Au contraire, envisager la création de liens de circulation réellement douce relève de l’anticipation des problématiques auxquelles nous serons confrontés.
2) De l’artificialisation de surface
L’équivalent d’un département français disparaît tous les 7 ans sous le bitume et le béton. La densification des zones urbaines est nécessaire, mais la préservation des terres agricoles urbaines et péri-urbaines également. La production de nourriture au sein des espaces urbains sera nécessaire lorsque les coûts de transport deviendront prohibitifs. L’emprise des voies de circulation ne doit plus progresser.
Pourquoi tracer une voie de 12 mètres de large là où 6 mètres suffiraient ???
L’artificialisation de surfaces supplémentaires pose également d’autres problèmes : les écoulements d’eau de ruissellement, l’augmentation des températures en été. Chaque mètre carré économisable devrait l’être !
Concrètement, la réalisation des infrastructures proposées (constructions et voiries) vont nécessiter l’évacuation d’énormes quantités d’eaux supplémentaires. Or la zone de collecte du lac de la Médecinerie est déjà à son potentiel maximal. Quelle solution est envisagée ? A part nous dire que « évidemment cela a été prévu », nous n’avons pas d’éléments. La tempête Joachim qui a traversé notre ville ce vendredi 16 décembre a provoqué des inondations dans des jardins de particuliers et dans le terrain familial (grâce à la canalisation qui la traverse) parce que la capacité d’évacuation n’est pas suffisante. Qu’en sera-t-il lorsque ces infrastructures seront construites ?
3) Un lien automobile pour 2 quartiers très proches
Il est présenté dans le projet la nécessité de relier deux pôles de la commune (pôle sportif d’un côté et pôle centre-ville/centre-administratif de l’autre). Je suis d’accord. Mais réfléchissons à la manière de le faire. Ces pôles sont distants d’un seul kilomètre. De nombreuses études montrent qu’une part très importante des déplacements automobiles sont réalisés sur des distances de moins de 2 km et que ces déplacements seraient bien plus efficaces (énergie, pollution, bruit et même temps) s’ils se faisaient différemment. Permettre la circulation automobile entre ces deux pôles, c’est créer des problèmes (plus de routes entraîne plus de circulation) au lieu de créer des solutions (encourager les déplacements alternatifs).
Pour les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas utiliser d’alternatives à la voiture, les voies déjà existantes permettent la jonction de ces pôles, éventuellement avec un léger détour, mais lorsque l’on est motorisé, ce n’est pas un problème.
4) Un sens unique
Le choix de l’établissement d’un sens unique a été fait pour traverser le lotissement Nicole Duclos, par conséquent, la circulation promue dans le dossier ne peut se faire à double sens sur toute la longueur de la voie. En ce cas, pourquoi ne pas se contenter d’un sens unique automobile sur toute la longueur ?
5) Un centre-ville automobile
La volonté de la commune est de transformer le « centre bourg » en « centre-ville ».
La plupart des villes réfléchissent à des centre-villes piétonniers, débarrassés de la voiture. Pourquoi Saran ne pourrait-elle pas directement passer d’un centre bourg à un centre-ville piétonnier ? Le ravitaillement des commerces pourrait très bien se faire par l’accès par la rue du Bourg, l’arrivée des consommateurs motorisés également.
De même cette place dessinée entre les futurs immeubles, ne serait-elle pas plus conviviale en étant piétonne ?
La voie partagée (zone de rencontre) que je propose sur la partie qui passe sur mon terrain pourrait tout à fait aller jusqu’à la rue du Bourg…
6) La réalisation des aménagements ne dépend pas de la route
Ma critique de cette « voie structurante » ne s’oppose pas aux aménagements envisagés. Certes il faut pouvoir desservir ces aménagements, mais une seule voie à sens unique permet de le faire simplement, en toute sécurité à moindre coût.
Mon propos n’est pas de remettre en cause ces aménagements, même si je reste critique sur les 5 niveaux des immeubles du Bourg et sur le fait de confier ces aménagements à un constructeur privé qui impose certaines conditions (notamment ces 5 niveaux). Les bâtiments pourront être construits avec ou sans la route, qu’elle soit conventionnelle ou partagée.
Par ailleurs, je suis d’accord avec l’analyse présentée dans le projet concernant la circulation rue du Bourg et rue de la Montjoie qui gêne ou rend dangereuse la circulation piétonne et cycliste, d’accord également pour reconnaître la difficulté pour les promeneurs de rejoindre le lac de la Médecinerie lorsque l’on est au Château de l’Étang ou dans le Bourg. Mais nos vues diffèrent dans la solution à adopter. Je le répète, je pense qu’apporter la voiture là où les piétons et les cyclistes pourraient circuler en toute quiétude n’est pas une bonne solution.
7) Une route « développement durable »
Grâce au dossier, je découvre l’article L228-2 du code de l’environnement :
A l’occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines, à l’exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements sous forme de pistes, marquages au sol ou couloirs indépendants, en fonction des besoins et contraintes de la circulation.
L’aménagement de ces itinéraires cyclables doit tenir compte des orientations du plan de déplacements urbains, lorsqu’il existe.
Voilà typiquement le développement durable à l’action, grâce à l’automobile dangereuse et aux automobilistes inconséquents, on crée des voies 2 fois plus larges pour laisser de la place aux vélos, mais en les mettant bien à part des bagnoles qui peuvent comme ça aller plus vite mais sans mettre en danger les cyclistes qui sont parqués sur leur petite piste souvent de travers, avec des creux, des bosses, une qualité de revêtement minable, des évitements mobiliers urbains… tout cela conçu par des gens qui ne sont pas montés sur un vélo depuis leurs 5 ans. Bref un équipement utilisable un dimanche de balade en famille, mais totalement incompatible avec un déplacement efficace non motorisé. Sans compter que cet espace « protégé » augmente considérablement la largeur de la voie.
Comment une voie qui artificialise 12 m. de large peut-elle être préservatrice de l’environnement ?
2 questions ? :
- si l’on veut créer une « circulation automobile […] accessoire et reléguée au second plan », peut-être faut-il lui laisser encore moins que 5 mètres de large ?
- si l’on veut préserver de l’espace vert (c’est un objectif du DD, non ?) pourquoi prendre 2 m. supplémentaires sur un terrain déjà vert pour implanter une bande végétalisée forcément très artificielle au milieu d’une route ?
8. Justification de cette route
D’un côté, on a entendu que la rue du Bourg était surchargée et que cette nouvelle voie permettrait de la « désengorger ». De l’autre côté, on nous explique que la voie a été conçue pour limiter la vitesse et que les automobilistes ne seront donc pas encouragés à la prendre… Alors ? Elle sert à quoi déjà cette voie ?????
Toute l’argumentation du dossier rend cette route tellement indispensable qu’on ne comprend pas qu’elle ne soit pas apparue plus tôt. Tout d’un coup, on décide qu’une route doit passer là, alors on cherche toute les justifications, jusqu’aux plus hasardeuses (la sécurité sur des voies qui ne seraient que piétonnes et cyclables…) pour avancer son utilité publique.
Et si finalement elle n’était pas tout simplement faite dans l’intérêt du constructeur à qui a été confié la réalisation des 2 aménagements (immeubles du Bourg et résidence senior) ?? Ce n’est qu’une supposition, mais observant la façon dont celui-ci réussit à imposer des choses non négociables initialement (rez de chaussée + 4 étages par exemple), on est en droit de se poser des questions.
Il m’a été dit que si l’avis de l’enquête publique était défavorable, alors les deux aménagements ne pourraient pas se faire… Je ne comprends pas en quoi cette route automobile est indispensable à ces aménagements ? Suis-je le seul ? Je n’ai pas eu la présence d’esprit de poser la question au constructeur lors de la réunion publique… Je m’en veux.
L’utilité publique est justifiée dans le dossier pour joindre les deux pôles publics. Si on zoome, on se rend compte qu’elle sert surtout à joindre 2 aménagements privés distants de 150 mètres… Du coup l’utilité publique est très contestable…
II. Emprise sur mon terrain
Après les considérations générales, j’en arrive aux désagréments qui me touchent directement.
1) Historiquement
J’ai conçu mon projet compte tenu du fait que ma parcelle sera viabilisée lors de la réalisation d’une structure pour personnes âgées. Cette viabilisation fait l’objet d’un acte notarié pris lors de la vente du terrain de la Guignace par mes grand-parents à la commune. Aujourd’hui, on veut me faire croire que la viabilisation ne peut être effectuée que grâce à la voie qui relierait le nouveau bourg à la résidence senior.
Je devais donc avoir une viabilisation avec un accès par une voie arrivant par l’Allée de la Guignace (qui longe le cimetière) desservant un équipement senior. Bientôt 10 ans après la vente l’équipement senior n’a pas été fait pour diverses raisons politiques et économiques et la viabilisation non plus.
Lors de la vente du terrain la commune avait négocié auprès de mes grand-parents l’achat supplémentaire d’une bande de terrain de 5m. de large longeant mon terrain qui devait permettre le cheminement piétonnier pour relier le Bourg par le Chemin du Bourg au lac de la Médecinerie. Cette bande est encore visible en emplacement réservé avec le n°19 sur le plan de zonage téléchargeable sur le site internet de la ville de Saran. et défini ainsi dans le Plan d’Occupation des Sols, sur la liste des emplacements réservés : C. Pistes cyclables et liaisons piétonnes. 19. Liaison piétonne entre la rue du Bourg et la zone 1NA de la Guignace. Surface 720m². Approuvé par le Service Aménagement le 06-03-2001.
Je devais m’attendre à ce qu’il y ait un chemin piétonnier le long de mon terrain, ce qui ne me posait évidemment aucun problème, au contraire.
Aujourd’hui, ce n’est plus un chemin, mais une route justifiée par une argumentation hautement contestable, mais c’est grâce à elle que mon terrain sera viabilisée… Ou l’art de retourner une situation dans le sens qui nous arrange.
2) De la surface de culture en moins
Si j’en crois les documents reçus, ce sont 566 m² sur mon terrain et 106 m² sur le terrain familial qui sont concernés. Ces 566 m² sont sur la partie nord de mon terrain là où je voulais positionner les bâtiments évoqués dans la contre-proposition, pour qu’ils empiètent le moins possible sur l’espace cultivable. L’existence de la voie m’obligerait à décaler ces bâtiments et réduirait d’autant l’espace disponible.
En zone urbaine, chaque m² cultivable est précieux. La proposition faite limite grandement l’impact de la voie, en ramenant la surface à environ 100 m² sur mon terrain et en libérant quasiment l’emprise sur le terrain familial, simplifiant en même temps les démarches et le coût pour la commune lié au rachat des terrains.
Je viens de créer mon exploitation agricole. Que représentent 566m² cultivés en maraîchage bio en terme de production, et en terme de valorisation en vente directe ? C’est la question qu’il faut se poser lorsque l’on exproprie une terre agricole.
Mais face à la nécessité de faire circuler des automobiles, peut-être que la production de nourriture est très accessoire…
3) Des cultures bio
Je suis officiellement installé sur une terre certifiée en Agriculture Biologique (organisme certificateur Ecocert).
Imaginez l’enthousiasme qui m’étreint à l’évocation d’une route qui passe à quelques mètres des cultures que je bichonnerai sans produits chimiques.
4) Un accès calme à la ferme
J’entends l’argument « il faut bien que les gens puissent venir acheter vos légumes, cette route va vous arranger ». Limite, je devrais dire merci pour cette route qui me prend du terrain.
Oui, je souhaiterais que les mangeurs puissent venir à la ferme pour acheter les légumes, mais je ne suis pas en ville pour faire une ferme-drive (quoique c’est un concept qui n’a pas encore été inventé, je crois. Allez, je suis bon prince, je vous laisse déposer le brevet) avec des gens pressés qui essaient quasiment de rentrer avec leur bagnole dans la devanture tellement ça leur coûte de faire 3 pas (on vient d’installer des plots devant la pharmacie du Bourg, pour empêcher les automobilistes de se garer n’importe comment et permettre aux piétons de pouvoir passer). Le principe du maintien de l’agriculture péri-urbaine, c’est la production de nourriture pour une consommation locale, voire très locale, très majoritairement. J’imagine donc beaucoup mieux des personnes arrivant tranquillement leur panier sous le bras ou sur le porte-bagage, le sourire aux lèvres, prêts à prendre quelques minutes pour discuter et profiter de la beauté du lieu. Image d’Épinal ? Peut-être, mais c’est l’ambiance vers laquelle je voudrais tendre. On me rétorquera que tous ne viendront pas à pied ; certes, mais pour ces quelques là, un espace de parking sera créé sur place et de multiples places seront disponibles alentour.
Pour le côté pédagogique, si les enfants de l’école du Bourg pouvaient venir à la ferme à pieds sans craindre la circulation une fois la rue du Bourg traversée (une seule rue de l’école à la ferme !), quel gain en sérénité pour tout le monde…
5) Des désagréments visuels
Je parlais au-dessus de la beauté du lieu. Comme le montre la photo d’en-tête de ce site, on n’imagine pas être en ville lorsque l’on est sur le terrain. Les voitures y sont quasiment invisibles. Le projet de la voie ne les rendrait pas seulement visibles, il les met carrément sur le terrain… Cela vous étonne encore que je ne me laisse pas faire ?
6) Mes oreilles cernées
La Nationale 20 (renommée D2020) à l’Est, la bretelle d’accès à l’autoroute et la tangentielle au Sud, l’autoroute à l’Ouest, je suis quasiment cerné par les voies à circulation rapide et donc très bruyantes.
Mais je n’ai pas de raison de me plaindre, je n’ai rien au Nord ! Enfin pas de grande route, juste la rue du Bourg, mais avec une circulation censée être à 30 et donc que l’on ne devrait pas entendre de chez moi puisque derrière un rideau de propriétés.
Finalement, ce n’était quand même pas assez, alors on m’en remet une couche et cette fois-ci au pied de chez moi (euh non en fait, c’est sur mes pieds…). Mais j’exagère tout, puisqu’on vous dit que les gens seront encouragés à rouler lentement. Ah oui, pardon… C’est vrai qu’en regardant la circulation dans le bourg on a tendance à facilement oublier…
7) Pollution lumineuse
Chaque nouvelle voie ne peut plus être tracée sans un éclairage public qui reste allumé toute la nuit. Cette pollution lumineuse est de plus en plus dénoncée pour ses conséquences en terme de perturbation sur les rythmes de la faune et de la flore.
Dans la mesure où je veux travailler en harmonie avec la nature, c’est à dire tenter de recréer un éco-système productif qui s’équilibre le plus possible, toute perturbation extérieure est malvenue.
Le passage d’une voie large nécessite un éclairage plus haut qui, même s’il est bien orienté, rejaillira forcément sur mon terrain.